Agir maintenant : protéger notre présent, assurer notre avenir
À l’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (18-24 novembre 2025) WAAW 2025, placée sous le thème « Agir maintenant : protéger notre présent, assurer notre avenir », il est plus que jamais nécessaire de comprendre, de sensibiliser et d’agir.
La résistance aux antimicrobiens (RAM) survient lorsque des bactéries, des virus, des champignons ou des parasites deviennent insensibles aux médicaments conçus pour les éliminer. Les infections deviennent alors incurables et entraînent la mort. La RAM ne menace pas seulement les êtres humains, car on trouve également des agents pathogènes résistants dans le sol, l’eau, les aliments et même dans l’air que nous respirons. En Afrique, si aucune mesure n’est prise, 4,1 millions de personnes pourraient mourir des suites de la RAM d’ici 2050 (OMS).
Les infections résistantes sont en augmentation, mais les investissements restent insuffisants et la sensibilisation du public est encore trop faible. Nos systèmes de santé, agricoles et environnementaux en subissent déjà les conséquences.

L’approche « One Health » a le potentiel de réunir les différentes disciplines et toutes les parties prenantes concernées afin de trouver des solutions durables pour l’Afrique et au-delà. Les recherches du consortium Afrique One sur la RAM corroborent ce point de vue, en soulignant les liens étroits qui existent entre l’environnement, la chaîne alimentaire, en particulier les aliments prêts à consommer (RTE), et la RAM clinique (Dela H, 2022). Les infections d’origine alimentaire sont très répandues et la situation s’aggrave à mesure que la résistance aux antibiotiques augmente en raison d’une mauvaise utilisation tout au long de la chaîne alimentaire. Des bactéries résistantes telles que E. coli, K. pneumoniae, Salmonella, S. aureus et E. faecalis ont déjà été détectées dans des aliments prêts à consommer, certaines étant porteuses de gènes ESBL ou MRSA.
« Sans une réponse coordonnée et multisectorielle, nous risquons de retomber dans l’ère pré-antibiotique, où les infections courantes devenaient mortelles, les opérations chirurgicales trop risquées et les traitements essentiels perdaient leur efficacité », explique Dr Helena Dela, chercheuse postdoctorale à Afrique One au Ghana.
Le quadripartite (FAO, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Organisation mondiale de la santé (OMS) et Organisation mondiale de la santé animale (OIE)) appelle à une action urgente dans tous les secteurs, exhortant les gouvernements à renforcer la surveillance et à investir dans la recherche, les professionnels de santé à prescrire de manière responsable, les agriculteurs et les vétérinaires à limiter l’utilisation inutile d’antimicrobiens, et le public à éviter l’automédication et à plaider en faveur de mesures concrètes.
« À court terme, il est essentiel, dans le cadre de l’approche One Health, d’intégrer la surveillance alimentaire et environnementale dans le système national de contrôle de la RAM. Les plateformes One Health établies, soutenues par les groupes de travail thématiques sur la RAM, doivent veiller à ce que les acteurs de la santé appliquent strictement les réglementations et à ce que le public soit mieux sensibilisé aux risques multiples liés à l’émergence de la RAM », déclare le professeur Bassirou Bonfoh, directeur d’Afrique One.
Qu’il s’agisse de progresser grâce à de nouvelles technologies telles que la recherche sur les bactériophages, de renforcer les politiques de sécurité alimentaire ou d’adopter des pratiques quotidiennes responsables, nous avons déjà bon espoir de disposer d’outils pour « résister à la résistance ».
C’est maintenant qu’il faut agir, pour nous-mêmes, pour nos enfants et pour les générations futures.